Le signal à très haute énergie parcourut les quelques centaines de milliers de kilomètres qui séparaient son point d’émission de la petite planète bleue en l’espace de quelques secondes. Il avait déjà été transmis dans de nombreux systèmes solaires où la vie avait émergé et véhiculait les derniers espoirs de tout un peuple. Dans ce message résidait leur éventuelle survie quelque part dans l’univers.
L’onde électromagnétique percuta l’atmosphère terrestre à 21h34 GMT et fut aussitôt réfléchie en partie puis dispersée dans l’espace où elle s’éteignit lentement après avoir désorienté un ou deux satellites artificiels. Le reste fut copieusement réfracté par les différentes couches et pénétra finalement dans l’air, passablement amoindri par tout son parcours.
Mais cela fut tout à fait suffisant pour couvrir un bon cinquième du globe terrestre tout en gardant sa cohérence. Partout où le message parvint, des événements inexplicables menèrent la vie dure à grand nombre de personnes : des parasites remplirent l’écran des téléviseurs brouillèrent les radios, des téléphones portables beuglèrent un immonde bruit blanc aux oreilles de leurs utilisateurs, des feux changèrent de couleur, des serveurs informatiques ultra perfectionnés exécutèrent des instructions étranges, un écran bleu survint lors d’une démonstration de Bill Gates… Mais tout cela ne dura que quelques secondes.
Seul dans son observatoire Grenoblois, Giovanni Fionanti faisait en toute insouciance ce qui lui avait toujours été interdit par ses supérieurs : les pieds sur le bureau, il dormait profondément tout en laissant refroidir son café. Sur ses oreilles, les écouteurs diffusaient le bruit de l’espace : on n’y entendait pas grand-chose en général, parfois un pulsar qui faisait des siennes, d’autres fois ce que l’on nommait l’écho du big bang, mais aucun scientifique n’avait pu en dégager quoi que ce fût. Le but inespéré, entre autres, était de capter une communication extraterrestre. Connectés au SETI, comme tous les observatoires du monde, les ordinateurs de celui de Grenoble relevaient en permanence ce que captaient les antennes et les transmettaient sur le réseau. Pendant ce temps, la télévision diffusait son yaourt télévisuel habituel – d’après Giovanni, ses futurs apprentis nouveaux chanteurs, n’iraient pas bien loin.
Tout se passait donc très bien pour notre dormeur, qui savait que ces chefs ne passeraient de toute façon pas à cette heure-ci.
Quand tout à coup, un puissant sifflement faillit faire exploser ses tympans. Notre Italien pure souche sursauta en hurlant et jeta son casque aussi loin qu’il le put – c'est-à-dire, aussi loin que le câble le permettait. Dans le mouvement, ses pieds renversèrent le café froid sur le clavier le proche. Le liquide coula ensuite le long du bureau et s’infiltra dans les écrans et les serveurs. Et de jolies étincelles rouges et bleues fusèrent soudain.
Si cela s’était arrêté là, aucune histoire n’aurait été contée. Heureusement, le hasard intervint et influa sur le cours des choses, précipitant les conséquences de ce simple événement.
L’informatique est, a toujours été et sera toujours en partie inexplicable, même pour les développeurs. C’est la raison pour laquelle les événements suivant sont à classer dans le : « Ah bah, c’est de l’informatique. »
Les courts-circuits mélangèrent un certain nombre d’informations, de sorte que le signal reçu de l’espace fut mêlé à la mélasse télévisuelle et renvoyé par le biais des antennes. Plus dramatique, ils déclenchèrent aussi dans l’observatoire un début d’incendie que Giovanni fut incapable de contenir.
Il était 21h57 GMT lorsque le bâtiment fut entièrement consumé avec tout son matériel. Heureusement, Giovanni avait pu courageusement en sortir à temps.
Bon voyage
Juste quelques mots pour vous souhaiter un bon voyage dans mes univers parfois un peu étranges.
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