Bon voyage

Juste quelques mots pour vous souhaiter un bon voyage dans mes univers parfois un peu étranges.
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lundi 18 février 2008

Amnésie - Chapitre 5

Je me réveille en sursaut. Ce n’était qu’un rêve. Il semblait si réel. Après ça, il me faut un certain temps pour comprendre que je suis toujours en prison.
Dehors, il fait encore nuit. La lueur pâle de la lune pénètre par la fenêtre.
Comme si tout le monde était au courant de mon réveil, l’ampoule de la cellule s’allume en dispensant sa lumière blanche dans la pièce, révélant les murs et le lit que j’occupe. Quelqu’un ouvre bruyamment le judas et m’observe pendant quelques secondes.
– Recule !
Le volet métallique se referme et la lourde porte grince sur ses gonds. L’un des gardiens s’approche, me plaque la joue contre le mur et me passe les menottes.
Ensuite, c’est encore une éprouvante marche le long des corridors beiges, les yeux rivés sur la ligne jaune aucun écart n’étant accepté.
Et me revoilà dans le tribunal, à la barre des accusés.
L’avocat, les mains jointes dans le dos, s’approche de mon pupitre.
– Et si l’on parlait maintenant de notre deuxième affaire. Votre deuxième meurtre.
Mon deuxième meurtre ? Il n’a jamais été question de ça. Est-ce que je suis encore en train de rêver ?
– Non vous ne rêvez, me dit l’avocat.
Mais ce n’est plus le visage de l’avocat qui se trouve devant moi. C’est celui de Sébastien Robert.
Oui c’est bien cela. Je suis encore dans mon rêve.
– Non, ce n’est pas un rêve, répète l’assassin de ma femme.
Je t’ai tué !
Je n’arrive pas à parler mais mes yeux doivent exprimer mes pensées car l’homme semble comprendre.
Tu as assassiné ma femme. Mais ta mort… c’était un accident.
C’est à ce moment-là que je me rends compte de ce que je viens de dire : ma femme est morte ! Comment ai-je pu dans ces conditions la voir témoigner ?
Je ne comprends plus rien.
– Tu crois ça ? Mais tu es un meurtrier toi aussi, me lance-t-il sur un ton qui ne prête pas à la discussion. Tu as tué une deuxième personne. Pourquoi ?
Je ne me souviens pas de cette deuxième personne. Je suis persuadé d’être encore dans un rêve.
– Pourquoi ? me crie l’homme en jetant une photo sur mon pupitre.
Je regarde le visage. Je reconnais facilement ses traits…
C’est moi.
Tout à coup, je me retrouve dans une pièce, toujours cette même pièce. Celle de mon rêve. Marilyn et Nina sont là, côte à côte. Ma femme m’indique le sol d’un gracieux mouvement de menton, puis elle ferme les yeux et se retourne pour pleurer.
Mon corps est étendu, là sur le sol.
Tout tourne soudain autour de moi. Je me sens attiré vers ce corps. Ou peut-être est-ce tout le contraire ? Le corps se précipite sur moi, je le sens me pénétrer jusqu’à ce que nous ne faisions qu’un.
Je suis seul et, tout à coup, c’est le silence. Tous les fantômes qui m’entouraient ont soudain disparu. C’est calme, bien trop calme.
Mais la douleur devient insupportable. Ma tête ! C’est comme si mon cerveau était littéralement en train de brûler.
Je suis définitivement seul, le goût de la mort en bouche. Une larme coulant sur ma joue, mes mâchoires se ferment sur le canon bien huilé et bien entretenu d’un pistolet, celui-là même qui m’a fait de l’œil pendant si longtemps avant que je ne me décide à passer à l’acte.
Et là, j’ai déjà pressé la détente. Je viens certainement de vivre mes tout derniers instants, le procès qui déterminera l’endroit où je serai envoyé, comme une sorte de purgatoire, ou une simple mise en scène pour me faire comprendre que je n’étais pas réellement un meurtrier, que j’avais droit à ma vengeance… Ou l’inverse, justement.

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